Cheikh Abdillah Khatub bin Abdulwahab (1900-1966)
Khatub de la grande mosquée de Mbeni
Cheikh Abdillah Abdulwahab Bin Sultan Djumbe Fumu, figure emblématique de l’islam aux Comores, est né en 1900. Petit-fils de Djumbe Fumu Bwana Hadji wa Moussa wa Abdourahmane Ahli Balwazir, sultan issu de la lignée royale Inya Fwambaya de la province de Hamahamet, il est enraciné dans une noble ascendance. Fils d’Abdulwahab Bin Sultan Djumbe Fumu et de Fatima Hamadi, il appartient à la famille Mdambwani, connue pour son rôle traditionnel dans le prêche du vendredi (hutba).
Il a reçu son éducation coranique auprès de Mwigni Adinne et de son oncle paternel, Abdoulghafour Bin Sultan Djumbe Fumu, fondateur de la confrérie Shadhiliyya à Mbéni. Dès son jeune âge, il fut désigné prêcheur à la mosquée de vendredi (msihiri wa djumwa) de Mbéni, où il gagna le titre distinctif de Hatub, marquant ainsi son autorité dans le domaine religieux.
Après le décès de son oncle, Abdillah Abdulwahab devint le guide (cheikh) de la confrérie Shadhiliyya à Mbéni, consolidant sa place parmi les figures spirituelles influentes de son époque. En cette qualité, il accueillit en 1961 Al Hadi, guide mondial de la confrérie Shadhiliyya basé à Beyrouth, lors de sa visite historique aux Comores.
Cheikh Abdillah Abdulwahab entretenait des relations étroites avec d’autres figures religieuses majeures, notamment Bin Cheikh, fondateur de la mosquée Al-Ribat à Moroni, et Said Ali Mwigni Toyib de Salimani Itsandra. Il était également respecté par de nombreux ulémas tels que Said Mohamed Abdérémane (1912-1990), mufti des Comores, et Omar Abdallah Mwigni Baraka (1918-1988), qui obtint une idjaza (autorisation de transmettre le savoir religieux) des mains d’Abdillah Abdulwahab en 1964, après la révolution de Zanzibar.
Sa droiture religieuse et son engagement sans compromis ont parfois provoqué des tensions. Un incident notable fut son interruption publique du discours de Baumer, qu’il invita fermement à cesser pour permettre la prière collective du Maghrib. Ses positions fermes lui valurent deux emprisonnements à Moroni, témoins de son courage face à l’adversité.
Cheikh Abdillah Abdulwahab reste une figure marquante de la transmission de l’islam aux Comores, honoré pour son rôle dans la préservation et la diffusion du savoir religieux.
Cheikh Abdillah est le père de Cheikh Mohamed Toiwil et grand père de Cheikh Nourdine Mohamed Toiwil imam de la Mosquée de Drancy, en France.
Sources :
- Toibibou Ali Mohamed, La transmission de l’islam aux Comores (1933-2000) – Le cas de la ville de Mbéni (Grande-Comore), Éditions L’Harmattan.