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Cadi Said Ismail Said Hamadi

Ancien Cadi de Mbeni

Cadi Said Ismaila, fils de Said Hamadi Adnani et de Saadi Hamadi Moilimou wa Mlanawandrou, est né vers 1937-38. Il est une figure éminente de la ville de Mbeni, ayant exercé en tant que cadi et professeur de langue arabe. Actuellement retraité de la fonction publique, il demeure dans sa ville natale où il s’implique activement dans les affaires coutumières locales.

Son parcours éducatif débute à l’école coranique de Mze Isilamou Mouigni Daho, puis chez Oubakari Salim, où il étudie l’Akidatu Al-iman. Plus tard, chez Abdillah Alkhatub, il approfondit ses connaissances en étudiant Safina Al-nadjat Safina Al-salah, Duraru Al-bahiya, Hidayatu al-atfal, Hidayatu Al-mustafid, Al-adjurumia, et le charh de Dahlan et Kafrawi, et Mulhat Al-Inrabi. Le dernier livre étudié avec Alkhatub fut le Riyad Alswalihin, où il atteint le “Chapitre sur l’économie dans l’obéissance”. Dans la matinée précèdent son décès, Alkhatub lui a enseigné le hadith : “Halaka Almutanatuoun”.

Said Ismail s’engage également dans les cours dispensés par Cheick Ahmad Qamareddine dans la mosquée de Hadji Nofumu et plus tard dans la grande mosquée de vendredi quand Qamareddine a pris sa retraite à Madagascar et est revenu s’installer aux Comores. Said Ismail se rappelle une anecdote avec Cheick Qamareddine :

« Un jour, j’ai posé une question à Cheick Qamareddine, mais ne comprenant pas ma question, il m’a demandé de l’écrire. J’ai avoué ne pas savoir écrire. Alors, Qamareddine a écrit quelques règles du shikomori sur une feuille et m’a demandé de les recopier. N’étant pas capable d’écrire, je me suis tourné vers Fundi Mohamed Toybou, qui a recopié le texte pour moi. Qamareddine s’est contenté de sourire quand je lui ai présenté le texte le lendemain. Puis m’a écrit d’autres texte à recopier. Le même scénario s’est répété pendant trois jours avant que je ne réalise que je ne pouvais pas solliciter Mohamed Toybou à chaque fois. J’ai donc décidé de recopier le texte moi-même. Qamareddine a souri davantage la première fois où il a constaté que c’était bien moi-même qui l’avais rédigé. Les jours suivants, Qamareddine m’a répété trois fois la même chose avant de me dire, lorsque je lui ai présenté mon texte recopié : “Eh bien, maintenant tu sais écrire.” »

En 1967, Said Ismail décide de s’installer à Ntsudjini avec Cheick Qamareddine, plongeant ainsi dans un environnement riche en connaissances, notamment aux côtés de Said Mohamed Abdourahmane (la maison de sa femme de Ntsudjini était à côté de celle de Qamareddine) et du jeune futur Moufti Said Toihir qui venait tout juste de rentrer au pays.

Vie active et professionnelle

En tant qu’enseignant, Said Ismail a commencé à enseigner le roboyo à la mosquée Pimba alors qu’il était encore élève chez Abdillah KHATUB. Certains se sont étonnés qu’il ose donner des cours alors que son professeur dispensait encore des cours à la mosquée du vendredi. Après avoir entendu ces commentaires, Said Ismaïl s’est précipité chez son professeur pour lui faire part de ses actions et des réactions des gens. Alkhatub lui a répondu : “C’est ce que le livre du Roboyo nous demande : apprendre puis enseigner. Va donc continuer à donner tes cours.”

Son engagement dans l’éducation prendra un nouveau tournant quand il participa, en 1958, à la création de l’association Ansar qui militera pour raviver l’enseignement religieux et la réconciliation des non-pratiquants avec la mosquée.

En 1978, Said Ismail réussit un examen pour devenir professeur, faisant partie des 12 personnes sélectionnées parmi 300 candidats. Plus tard, il s’est porté candidat aux examens de cadi sur la recommandation du grand moufti. Sa candidature a été retenue, ainsi que celles de deux personnes de Mbeni : Foundi Mamoune et Cheick Ahmed Toiouil. Le Moufti a appelé Mohamed Taki pour lui annoncer qu’il semblerait que seuls des candidats de Mbeni avaient réussi les examens pour devenir cadi. Il a ajouté : “J’espère que si des personnes cherchent à saboter leur nomination, tu ne penseras pas que c’est de ma part.” Taki, à son tour, a appelé Ahmed Abdallah pour lui dire que les gens de son village avaient réussi l’examen, et Ahmed Abdallah lui a répondu : “Ceux de mon village aussi.” Cependant, aucune nomination n’a suivi. Il a fallu attendre l’époque de Djohar, juste avant les élections, pour que Said Ismail soit nommé cadi, dans ce qu’il considère comme une manœuvre purement politique pour gagner les électeurs de Mbeni. Said Ismail affirme qu’il a fallu attendre des années avant de percevoir une augmentation de salaire liée à ce poste ; il ne touchait que son salaire de professeur.

Mariage et implication dans les affaires coutumières de la cité

De retour à Mbeni pour la célébration de l’Aïd en 1968, Said Ismail a célébré son mariage religieux, mais il n’a rejoint sa femme qu’en août 1971 lors de la grande cérémonie de mariage (coûtant 200 mille FCFA), en présence de Said Toihir, Cheick Qamardine et du cadi Djaylani.

Élevé dans les traditions du anda na mila, Said Ismail a souvent défié ces coutumes, ce qui lui a valu plusieurs excommunications. Dans sa jeunesse, lors des travaux agricoles organisés par son Hirimu, il fréquentait l’école coranique avant de se rendre aux champs. Un jour, arrivé en retard, ses pairs lui ont reproché son retard et l’ont averti qu’un retard le lendemain entraînerait son bannissement. Effectivement, le lendemain, plutôt que de se rendre aux travaux, il est allé à l’école coranique, convaincu qu’il serait de toute façon banni. Une fois banni, il a refusé de payer.

Sa deuxième excommunication a eu lieu lors du mariage de Cheick Salim. Son Hirimu était allé chercher des bananes dans les lointains champs de Mbeni, mais Said Ismail ne les a pas rejoints. Malgré son bannissement, il a refusé de payer jusqu’au jour du mariage de sa sœur, où elle lui a demandé s’il n’organisait pas le Gumwe. Initialement réticent en raison de son bannissement, il a finalement cédé après de nombreuses discussions, se réconciliant ainsi avec son Hirimu.

Assez récemment, à la suite d’un différend sur l’organisation des tahtimas de Mohamed Taki Abdoulkarim, Said Ismail a fait l’objet d’une excommunication qui a divisé la cité ente partisans et opposants. En écoutant les conseils de ses enfants, il a refusé de payer les frais de réintégration, malgré des recommandations du doyen Mohamed Ben Charaf en ce sens. D’après Mohamed Ben Charaf, Said Ismail est revenu le voir, plus tard, après mure réflexion, pour tenter de payer et de se réconcilier avec les hauts dignitaires de la ville. Mais reprochant à Said Ismail de ne pas l’avoir écouté quand il le recommanda de payer, ben Charaf a refusé d’entreprendre les démarches de réconciliation nécessaires. Foundi Ismael a réfuté les affirmations de ben Charaf expliquant qu’il s’est rendu à la maison de ben Charaf pour échanger à ce sujet mais sans regretté ni déclencher un processus de paiement. Malgré cet incident, Cheick Said Ismail continue à prendre part activement sur les affaires de la cité comme si de rien n’était. Après tous, il jouit d’un respect inégalable y compris de la part de ses adversaires.  

Ainsi, l’histoire de Said Ismail est marquée par son engagement envers l’éducation, la religion, et son indépendance d’esprit, reflétant une vie riche en expériences et en contributions à sa communauté. Prions que le seigneur le garde encore longtemps parmi nous.